Quel autre choix que de s’en aller ?
Telle est la question que se posent de nombreux Libanais. Beaucoup sont prêts à vendre toutes leurs possessions pour quitter un pays qu’ils jugent condamné. Parmi eux, certains décident de risquer leurs vies en prenant la mer vers ce qu’ils espèrent être un avenir meilleur. Selon les Nations Unies (ONU), quatre Libanais sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté. (Voir l’article RTBF)
Devoir choisir entre nourrir ses enfants ou leur permettre de se réchauffer en hiver. De nombreux ménages sont face à ce dilemme car le prix du fioul et du bois a été multiplié par dix depuis 2019. Bassam Zeidan, un habitant de Maasser El Chouf, livre ici un témoignage sur son quotidien. Il bénéficie heureusement de l’aide d’un programme financé par la Communauté Internationale procurant gratuitement des bûches écologiques à 900 familles en difficulté. (Voir le reportage vidéo RTBF ici)
Si tous les Libanais sont fortement touchés par la crise économique, une partie de la population reste dans l’ombre : il s’agit des apatrides. Dans le pays, des dizaines de milliers de personnes sont aujourd’hui considérées comme apatrides, environs 50 000 à 60 000 selon différentes ONG. Ce statut se transmet de génération en génération et tire son origine de la loi sur la transmission et l’octroi de la nationalité, adoptée en 1925 à l’époque du mandat français ; celle-ci précise que « la femme libanaise ne transmet pas la nationalité à ses enfants, sauf exception ». Une situation qui les prive d’une partie de leurs droits (Voir l’article de Clément Gibon).
Riad Salamé, patron de la Banque du Liban, est soupçonné de blanchiment et détournement de fonds. Six établissements financiers devaient être simultanément perquisitionnés par la police judiciaire dans le cadre de l’enquête mais c’était sans compter sur l’intervention du procureur général. Selon les médias libanais, celui-ci aurait ordonné l’annulation des perquisitions à la demande de l’actuel chef du gouvernement Najib Mikati, également milliardaire actionnaire d’une banque libanaise. Tout cela se produit dans un contexte très particulier, la monnaie ayant perdu 90% de sa valeur. (Voir l’article sur LeMonde.fr)
En vrac dans le monde arabe…
Algérie – Maroc : Topo sur les relations diplomatiques tendues (déjà évoquées dans de précédentes dépêches) entre les deux voisins maghrébins, par le géopolitologue français Pascal Boniface :
Liban – Emirats Arabes Unis
Les Emirats Arabes Unis vont se joindre au fonds d’aide mis en place par la France et l’Arabie saoudite pour venir en aide à la population libanaise. Le chef de la diplomatie française se félicite que « Lors de la visite du président Macron [en décembre 2021] dans le Golfe, on a pu renouer ces liens » (entre le Liban et les pays du Golfe). Rappelons que les rapports entre le Liban et ceux-ci étaient tendus depuis octobre dernier, ce qui n’avait fait qu’aggraver la situation économique du pays.(Voir l’article sur LeMonde.fr)
Iran
Les négociations sur le nucléaire iranien ont atteint une phase délicate. La Chine a tout intérêt à ce que les sanctions américaines soient levées sur l’Iran suite à la signature d’un partenariat historique de 25 ans avec Téhéran. Les pourparlers ont repris ce lundi à Vienne et, une chose est sûre, la Chine compte tout mettre en œuvre pour que l’accord sur le nucléaire soit signé. Selon Jean-François Di Meglio (spécialiste de la Chine et président d’Asia Centre), le rapprochement avec l’Iran permettrait notamment à la Chine de diversifier son approvisionnement en pétrole. (Voir l’article de France24)
Cette semaine, les médias relayent également la triste incarcération de la chercheuse Franco-Iranienne Fariba Adelkhah à la prison d’Evin, en Iran (Voir l’article de LeMonde.fr). L’anthropologue a été arrêtée en juin 2019 et condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour atteintes à la sécurité nationale ; elle était aux arrêts domiciliaires depuis octobre 2020. L’Iran détient plusieurs ressortissants binationaux et un autre citoyen français : accusés d’espionnage, ces derniers sont utilisés par la République islamique, comme monnaie d’échange avec des pays étrangers.
Maroc : Depuis un mois, une série de scandales sexuels éclaboussent le monde universitaire marocain (Voir l’article de Rachid Bouanani) ! Des professeurs sont accusés d’avoir profité de leur statut afin d’obtenir les faveurs de leurs étudiantes en échange de bonnes notes… Et il ne s’agit pas d’un cas isolé !
Entre plainte collective, captures d’écrans et caméras cachées, le scandale est enfin révélé au grand jour et pris au sérieux par la justice. Sans doute uniquement la partie visible de l’iceberg, lumière sur cette réalité quotidienne de harcèlement dans la société marocaine (Voir l’article de Nour Leïla).
Tunisie : Notre dernière dépêche évoquait le mécontentement de la population tunisienne face au changement de date des commémorations de la révolution de jasmin. En réponse à cette décision unilatérale du président Kais Saied, les Tunisiens sont descendus dans la rue ce vendredi 14 janvier, comme initialement prévu: la police était au rendez-vous et n’a pas hésité à employer les grands moyens pour disperser la foule. Plusieurs ONG et médias dénoncent d’ailleurs des violences policières (Voir l’article de Middle East Eye)
Pour rappel, le 14 janvier commémore la date du départ de l’ancien président Ben Ali, à la suite d’un mois de protestation populaire que l’on appellera « révolution de jasmin » et qui entrainera le célèbre « printemps arabe ».
À cette occasion, BBC News Arabic sort un nouveau documentaire : The Dictator’s Last Calls. Celui-ci retrace le départ du président Ben Ali, la nuit du 14 janvier mais également – comme son nom l’indique – les derniers appels passés à ses partisans restés au pays (Voir l’article de Middle East Eye).
Yémen : Après l’attaque de drones menée par les Houthis sur le territoire des Émirats Arabes Unis, la coalition a décidé de contre-attaquer en menant des raids aériens sur la capitale yéménite, Sanaa. Le bilan est de 11 morts (Voir l’article de la RTBF et de Belga).