LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 25 mai 2022

Biodiversité menacée …

Rapport du GIEC, rapport de la WWF, … Tous les signaux d’alarmes sont tirés pour notre planète et son environnement ! Le Monde Arabe et le Moyen-Orient ne sont évidemment pas épargnés : entre hausse moyenne des températures, aridification et dérèglement des biotopes naturels, les hommes comme les animaux sont à la merci des éléments (Voir l’article d’Arab News).

Vue aérienne de la ville de Koweït. © AFP

Parmi les espèces menacées, il y a le cerf de Berbérie. L’unique cervidé d’Afrique n’existe malheureusement plus à l’état sauvage : sa population est désormais incapable de se reproduire dans une aire de répartition assez vaste pour qu’elle subvienne à tous ses besoins sans intervention humaine (Voir l’article de Mourad Khaldi).

Biches dans la réserve de Braptia à El Kala. © MEE & Mourad Khaldi

Le cerf de Berbérie est le dernier des grands mammifères d’Afrique du Nord et le seul à avoir survécu aux autres grands mammifères de la région comme l’ours de l’Atlas (disparu dans l’Antiquité en grande partie à cause des combats dans les arènes romaines), la panthère de Barbarie et le lion de l’Atlas (dont les derniers représentants ont été abattus au cours de la première moitié du XXe siècle).

Le cerf de Berbérie sur une fresque au musée de Cherchell, à l’ouest d’Alger (capture d’écran)

Le cerf n’est malheureusement pas le seul animal en danger. Au Maroc, ce sont les colonies d’abeilles qui inquiètent ! Nombres d’entres elles disparaissent mystérieusement, au point de préoccuper Mohammed Sadiki, le ministre de l’Agriculture lui-même (Voir l’article de  Rachid Bouanani).

En effet, le taux de pertes d’individus habituellement accepté pour une colonie se situe autour de 20 % ; certaines régions enregistrent désormais 80 % de pertes dans leurs ruches ! Avec 910 000 ruches exploitées par 36 000 apiculteurs (recensés en 2019) dans le pays, on comprend aisément pourquoi ce « syndrome de disparition des colonies d’abeilles » est étudié de près !

Un apiculteur travaille dans le rucher d’Inzerki, au sud-ouest du Maroc. ©AFP & Fadel Senna

Plusieurs hypothèses sont avancées : augmentation de la température, déficit des précipitations,  insuffisance des pâturages en quantité comme en qualité, … Voire même pesticides selon les experts ! L’impact de ce phénomène pourrait être considérable. Socialement et économiquement, l’apiculture représentant environ 80 millions d’euros de chiffre d’affaires par an et près de 2,5 millions de journées de travail annuelles. Écologiquement, on le sait, les abeilles sont un maillon indispensable de l’écosystème !  

Ici comme là-bas, la nature nous rappelle qu’il est temps d’agir et de repenser notre mode de fonctionnement ! Quelques initiatives redonnent cependant espoir : le projet « Maghreb Oléagineux », la protection et la réintroduction d’espèces menacées comme le léopard d’Arabie ou la gazelle Dama, …

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…

Syrie : Dans la Turquie islamo-conservatrice de Recep Tayyip Erdoğan, les réfugiés syriens de la communauté LGBTQIA+ se battent pour ne plus vivre dans le mensonge ou le secret. C’est cette situation que la réalisatrice turque Ayse Toprak a décidé de mettre en lumière dans son documentaire « Un visa pour la liberté, Mr Gay Syria » (Voir l’article de  Jean Stern).

Une fenêtre sur un monde encore assez méconnu au Moyen-Orient :

Jordanie : Selon une source de l’armée jordanienne, les troupes postées à la frontière avec la Syrie ont ouvert le feu sur des personnes qui tentaient de s’infiltrer dans le royaume. Quatre personnes sont mortes et d’autres seraient blessées.

Cette même source a confirmé la découverte de 181 feuilles de haschich, 637 000 pilules de narcotique Captagon et 39 600 pilules de tramadol. Cette opération s’inscrit dans une répression de la contrebande de drogue en provenance de Syrie (Voir l’article de Raed Omari).

Des soldats jordaniens patrouillent le long de la frontière avec la Syrie pour empêcher le trafic (17 février 2022). © AFP

Liban: Les résultats officiels des dernières élections révèlent un parlement fragmenté et polarisé, divisé, ce qui entrainera sans doute de grosses difficultés à former un nouveau gouvernement et à mettre en œuvre les réformes nécessaires : la finalisation d’un accord avec le Fonds monétaire international, l’élaboration d’un plan de relance économique et l’accord sur un nouveau président à l’automne.

« La prochaine phase promet d’être délicate », a déclaré l’analyste politique Youssef Diab.

Suite aux dernières élections, les mesures de sécurité autour du Parlement ont été assouplies. La jeunesse attend cependant bien plus que cela…

Sur une note différente, l’exposition Hunna («Elles») rend hommage à la femme. Née à l’initiative de deux femmes militantes passionnées d’art et de culture, Aya Abu Hawash et Ranine el-Homsi, cette exposition invite à la découverte de plus de trois cents œuvres originales à l’ABC Art Space, dans le quartier Verdun de Beyrouth. On peut observer le travail d’artistes d’âges divers, de 25 à 75 ans en provenance du Liban, de Syrie, d’Égypte, de Palestine, d’Europe ou d’Amérique. Le descriptif de l’exposition en dit long : « «Nous, en tant que femmes, sommes les soldats de demain, l’espoir de nos enfants et de nos communautés. Nous sommes plus fortes lorsque nous nous encourageons, lorsque nous nous inspirons et lorsque nous nous responsabilisons les unes les autres!» (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Kameel Hawa, The day she sat sideways («Le jour où elle s’est assise de travers»), huile sur toile. (Photo fournie à Arab News).

Israël – Palestine: Qui était Shireen Abu Akleh, la journaliste tuée lors d’un raid de l’armée israélienne ? Sa mort puis ses funérailles marquées par des violences policières ont eu un écho dans le monde entier. Dans ce podcast, Louis Imbert, correspondant du « Monde » à Jérusalem, explique ce qu’elle représentait. À découvrir sur LeMonde.fr

L’Agence Média Palestine relaye une lettre, signée par 126 artistes qui condamnent également l’attaque de la police israélienne sur les personnes en deuil aux obsèques de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh (Voir l’article de Scott Roxborough). Pedro Almodovar, Susan Sarandon, Ken Loach, Mike Leigh, Tilda Swinton, Mark Ruffalo, Asif Kapadia, Miriam Margolyes, Boots Riley, Jim Jarmush, Steve Coogan, Naomi Klein, Hany Abu Assad, Peter Gabriel et bien d’autres appellent à « des mesures significatives pour garantir la responsabilité pour l’assassinat de Shireen Abu Akleh et de tous les autres civils palestiniens ».

Dans un autre registre, notons que les membres et les partisans du mouvement Fatah (affilié au président palestinien Mahmoud Abbas) sont indignés par leur défaite écrasante face à un groupe militant lié au Hamas lors des élections du conseil étudiant de l’université de Beir Zeit. Il s’agirait de l’un des revers les plus importants essuyés par le Fatah depuis sa défaite face au Hamas en 2005. Notons que Le Fatah a mené la lutte palestinienne depuis son lancement, en 1965, et représente le parti au pouvoir depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994. Selon certains observateurs, ce résultat pourrait marquer un véritable changement au niveau de l’opinion publique palestinienne. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Bahreïn : Malaise autour de la présence bahreïnie lors du jubilé de la reine. Des membres de la force de défense de Bahreïn ont accompagné la reine Elizabeth II lors du Royal Windsor Horse Show dimanche. Plusieurs jours auparavant, les députés exhortaient la souveraine à « envisager de faire ce qu’il convient d’un point de vue moral » et de révoquer son invitation personnelle à l’intention du roi de Bahreïn. Ces derniers se disaient inquiets de voir le roi figurer dans les invitations de la reine « alors qu’il dirige Bahreïn comme une dictature absolue ».  (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Capture d’écran éclaircie de la diffusion télévisée du spectacle équestre montrant les forces de défense de Bahreïn escorter Elizabeth II. © ITV

Egypte : Les Égyptiens de plus en plus nombreux à investir clandestinement dans les cryptomonnaies. Un nombre grandissant d’Égyptiens investit dans les cryptoactifs. Les autorités optent actuellement pour une approche répressive. L’article 206 de la loi bancaire n° 194 (promulguée en septembre 2020) interdit notamment d’émettre, d’échanger et de promouvoir des cryptomonnaies. Les peines sont passibles d’emprisonnement et d’amendes allant jusqu’à dix millions de livres égyptiennes (55 000 dollars). Malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre les monnaies virtuelles, la forte inflation de ces derniers mois pourrait bien renforcer le manque de confiance des citoyens égyptiens dans leur monnaie locale. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

L’Égypte se classe septième en matière de valeur de la cryptomonnaie reçue par pays au Moyen-Orient. © AFP & Ozan Kose

Arabie saoudite:  Riyad espère «parvenir à un accord avec l’Opep+ qui inclut la Russie», selon son ministre de l’Énergie. S’adressant au quotidien Financial Times, le ministre saoudien a affirmé que l’Opep+ doit être tenue à l’écart des considérations politiques. Il a également souligné que «le monde doit reconnaître l’importance» de l’alliance entre les producteurs de pétrole. En effet, les cours du pétrole atteignent des sommets historiques en comparaison avec ceux observés au cours des dix dernières années. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

À propos des droits de femmes :
La compagnie aérienne à bas prix flyadeal a annoncé samedi avoir effectué un vol avec un équipage entièrement féminin en Arabie saoudite, une première dans ce pays ultraconservateur qui cherche à améliorer son image. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Toujours dans une démarche de mise en avant du rôle primordial des femmes dans tous les domaines, notamment le transport et la logistique, ainsi que pour insister sur les efforts entrepris par l’autorité pour offrir des possibilités aux femmes, l’Arabie saoudite a participé le 18 mai à la célébration de la Journée internationale des femmes dans le secteur maritime. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Cependant, malgré des réformes positives pour les Saoudiennes, des voix dénoncent les conditions de vie pour les femmes dans les foyers. Les raisons pour lesquelles une femme ou une jeune fille peut se retrouver dans un foyer public sont multiples comme fuir des violences domestiques, avoir « désobéi » à un tuteur masculin ou être soupçonnées d’avoir commis un crime et attendre d’être inculpées. Une fois dans le foyer, elles sont enfermées jusqu’à ce qu’un tuteur masculin, souvent la même personne qui les maltraitait, accepte de les laisser sortir ou jusqu’à ce qu’elles acceptent de se marier et de se soumettre à un nouveau tuteur. Parallèlement aux réformes en faveur des droits des femmes qui ont fait les gros titres ces dernières années en Arabie saoudite, des jeunes filles et femmes vivant dans des foyers ont mis fin à leurs jours, se sont insurgées pour réclamer de meilleures conditions de vie, ont tenté de s’échapper ou ont été tuées par des proches peu après leur libération. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Les sœurs Maha et Wafa al-Subaie à l’extérieur d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en Géorgie. Quelques semaines auparavant, elles avaient lancé un appel à l’aide sur Twitter après avoir fui leur famille. © Reuters

Arabie saoudite/Tunisie : L’Arabie saoudite inaugure une exposition de calligraphie arabe à Tunis. L’ambassadeur saoudien à Tunis, Abdelaziz al-Sager, a souligné l’importance de l’exposition pour la préservation de la calligraphie arabe et la mise en valeur de la beauté de cet élément du patrimoine culturel. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

© SPA

Tunisie : Le président tunisien Kais Saied a nommé vendredi un juriste proche de lui à la tête d’une commission chargée d’élaborer une constitution pour « une nouvelle République » à travers un « dialogue national » dont les partis politiques sont exclus. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

La centrale syndicale UGTT décide de rejeter le dialogue proposé par le président. L’UGTT a déclaré dans un communiqué qu’elle « ne participera pas au dialogue national sous le format proposé par le président Kais Saied qui n’a pas fait l’objet de consultations préalables et ne répond pas aux attentes des forces nationales pour mettre en place un processus patriotique permettant de sortir de la crise ». Outre l’impasse politique, la Tunisie connaît une grave crise socio-économique et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l’espoir d’obtenir un nouveau prêt. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Sur une note plus positive, la Tunisie veut se montrer à la hauteur de sa réputation de terre de tolérance. Djerba accueille des juifs du monde entier pour le pèlerinage de la Ghriba après deux ans d’interruption en raison du covid-19. Il s’agit d’un évènement-phare de la saison touristique en Tunisie. Avant son indépendance en 1956, la Tunisie comptait pas moins de 100 000 juifs. Aujourd’hui, ils sont environ un millier, installés essentiellement sur l’île de Djerba. Bien que leur nombre soit en net déclin, la présence juive sur l’île de Djerba demeure un témoin de la tolérance dont jouissent les membres de cette communauté sur cette île qui constitue un dernier îlot de coexistence confessionnelle en Afrique du Nord. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Un pèlerin juif lit la Torah dans la synagogue de la Ghriba, sur l’île tunisienne de Djerba, le 18 mai 2022. © AFP & Fethi Belaïd

Maroc : Au Maroc, des pèlerins juifs font quant à eux leur retour à Meknès. C’est la première fois que des pèlerins juifs revenaient dans cette ville emblématique de la présence juive multiséculaire au Maroc depuis que le royaume a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020. (Voir l’article sur ArabNews.fr)

Iran : Manifestations, envolée des prix et accord nucléaire : en Iran, le régime sous pression. La hausse faramineuse des prix, causée par l’envolée des cours des céréales et la suppression de certaines subventions, déclenche des rixes dans les magasins et des manifestations spontanées partout dans le pays. Cette inflation fait particulièrement mal aux plus défavorisés qui gagnaient déjà très peu voire rien du tout. (Voir l’article sur lexpress.fr)

Irak : Les dirigeants irakiens hués lors des funérailles du grand poète Muzaffar al-Nawab, décédé vendredi à l’âge de 88 ans. Le Premier ministre a été obligé de quitter la cérémonie face à la colère des jeunes Irakiens. Le poète était particulièrement apprécié et était connu pour ses poèmes à l’ardeur révolutionnaire, son engagement communiste et ses critiques des dictatures arabes. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Traduction : « Aujourd’hui, durant ses funérailles, Muzaffar al-Nawab a récité son dernier poème contre les despotes à travers son public si nombreux [présents aux obsèques]. Merci Aba al-Adl [surnom du poète] car, vivant comme mort, tu ne t’es pas tu. »

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