La dépêche du CCAPL – 29 juillet 2022

Tunisie : vraiment en route vers un avenir meilleur ?

Un an jour pour jour après la proclamation de l’état d’exception (25 juillet 2021), les Tunisiens étaient appelés à se prononcer sur une nouvelle Constitution, constitution controversée puisqu’elle renforce encore un peu plus les pouvoirs du président, Kais Saïed.

Beaucoup craignaient donc de voir le pays rebasculer dans un régime dictatorial similaire à l’avant 2011, avant les révolutions du « Printemps Arabe » (Voir l’article de l’AFP).

Les urnes ont néanmoins parlé : la nouvelle loi fondamentale a été adoptée à 94,6 %, selon des résultats officiels préliminaires (Voir l’article de France 24).

Notons cependant que seul moins de 30 % des électeurs ont voté lors de ce référendum (Voir l’article de Thierry Brésillon).

Depuis son accession à la présidence de la République, Kais Saïed est résolu à faire prévaloir sa vision de l’ordre constitutionnel et politique qu’il affirme être celle voulue par le peuple. Et ce en faisant fi de ses adversaires politiques ! (Voir l’article d’Éric Gobe)

En vrac dans le monde arabe…

Arabie saoudite/Etats-Unis :  Ce « check » de Joe Biden en Arabie Saoudite n’est pas passé inaperçu. Le président américain, qui avait promis de traiter le royaume en pays « paria » après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a essuyé de vives critiques.

Arabie saoudite/Israël/Etats-Unis : Le président américain a récemment promis dans une tribune publiée dans le Washington Post d’« approfondir » le processus de normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes. Au sujet d’une potentielle normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, les avis divergent. Malgré un rapprochement saoudo-américain et des signes d’ouverture du prince héritier Mohammed ben Salmane envers Israël, des analystes estiment toutefois peu probable que Ryad établisse des relations diplomatiques avec Israël sous le règne du roi Salmane. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Arabie saoudite/Israël : Un journaliste israélien s’est introduit à La Mecque, ville interdite aux non-musulmans. Les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux et ont conduit la chaîne à s’excuser en arabe.

Palestine/Etats-Unis : La déception des Palestiniens après la visite du président américain. Ce dernier n’a proposé aucun plan de fond sur la question de l’occupation israélienne et n’a pas pris position concernant l’expansion des colonies juives en Cisjordanie. Ce sujet était pourtant cher à l’administration de l’ex-président Barack Obama dont Joe Biden était le vice-président, déplorent les responsables palestiniens. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

États-Unis: Pour combattre l’islamophobie et la xénophobie malheureusement encore bien présentes aux États-Unis, Sally Almaklani a choisi l’art !

À l’occasion d’un concours d’art du Congrès américain, portant sur les femmes dans l’Histoire, l’étudiante de 16 ans a choisi de représenter une femme apperçue sur Pinterest. Cette dernière est une jeune musulmane noire portant le hijab et se tenant fièrement devant un fond orné de tournesols. On peut également y lire la phrase « Mon hijab me rend puissante » en arabe (Voir l’article de Zainab Iqbal).

Œuvre de Sally Almaklani. © repaoc, compte Instagram d’Alexandria Ocasio-Cortez

Egypte : Un tribunal veut filmer en direct l’exécution du meurtrier de l’étudiante égyptienne Nayera Achraf dont nous vous parlions dans une de nos précédentes dépêches. Le tribunal de Mansoura a réclamé une dérogation à la Cour d’appel pour pouvoir diffuser l’exécution en direct car il estime que « la diffusion, même uniquement du début de la procédure, pourrait permettre de dissuader le plus grand nombre ». (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Israël/Palestine : Parmi les conséquences du conflit israélo-palestinien, à Gaza, les femmes victimes de violences sont oubliées par le droit. Selon le Bureau palestinien des statistiques, 38% des épouses habitant dans cette enclave gouvernée par le Hamas islamiste et sous blocus israélien depuis 2007, ont déjà subi des violences physiques ou psychologiques. Les violences conjugales sont en nette hausse à Gaza, en raison notamment de la pandémie de coronavirus qui a confiné « des survivantes de violence avec leurs agresseurs », note l’ONU Femmes-Palestine. (Voir l’article sur Arabnews.fr)

Iran : L’Iran a procédé à sa première exécution en public en deux ans ! L’ONG norvégienne Iran Human Rights rapporte qu’Iman Sabzikar, un ouvrier reconnu coupable du meurtre d’un policier en février 2022 a été pendu tôt le matin sur les lieux de son crime. Sa peine avait été confirmée par la Cour suprême début juillet.

Les répressions violentes sont en croissance dans le pays, ce qui fait craindre le pire pour d’autres opposants et prisonniers condamnés (Voir l’article de la RTBF, Belga & Estelle De Houck).

Jordanie : Dans un entretien au quotidien officiel Al Ra’i, le monarque jordanien, Abdallah II, a dénoncé des attaques régulières de milices liées à l’Iran aux frontières (Voir l’article de l’AFP).

«Un changement de comportement de l’Iran (…) serait bon pour tout le monde. La Jordanie, comme le reste des pays arabes, cherche à avoir de bonnes relations avec l’Iran dans le respect mutuel, le bon voisinage, le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires. »

Le roi Abdallah II a également évoqué les trafics de drogues et d’armes visant la Jordanie et d’autres pays arabes.

Liban :Le rap libanais cherche à percer le plafond de verre. Avec la crise économique, l’intérêt pour la scène rap monte crescendo au Liban même si, faute d’un écosystème pérenne, la nouvelle génération peine encore à être reconnue. « La contestation sociale fait partie de lADN du rap. Pourtant, il na pas été la bande-son de la thawra [révolution] comme il a pu, par exemple, le symboliser en Algérie lors du hirak, le soulèvement populaire de 2019 » estime  Salim Saab (aka Royal S), un ancien rappeur. (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

D’autres dommages collatéraux de la crise économique: les autorités restreignent les droits des personnes LGBTQIA+. Ces décisions visent, selon les militants, à détourner l’attention du public face à la crise économique et financière qui a plongé plus des trois quarts de la population dans la pauvreté. Selon les organisations de défense des droits humains, le récent revers subi par la communauté LGBTQ s’inscrit dans le cadre d’une répression plus large des libertés et des droits civils, associée à la crise économique. (Voir l’article sur LeMonde-Arabe.fr)

Libye : L’ONU a utilisé une compagnie aérienne syrienne sanctionnée par les Etats-Unis pour acheminer de l’aide en Libye. Cham Wings, la compagnie aérienne en question, est accusée de convoyer des combattants et des armes pour le compte du président syrien Bachar al-Assad ainsi que pour l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar. L’ONU se dédouane en affirmant qu’« il y a très peu doptions de fret aérien en Libye ». (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Maroc : Classe politique marocaine secouée cette semaine, voilà comment on pourrait résumer la situation du royaume !

La première secousse vient des désormais célèbres Uber Files. Selon le site d’information Le Desk, Uber aurait fait appel à un cabinet de lobbying pour tenter de convaincre les autorités marocaines de les laisser s’implanter dans le pays. Plusieurs noms sont cités dont des membres du gouvernement et de l’entourage du roi Mohammed VI (Voir l’article de Middle East Eye).

La seconde est la conséquence du nouveau hashtag devenu viral : #Dégage_Akhannouch, du nom d’Aziz Akhannouch, l’actuel chef du gouvernement marocain. Le premier ministre est vivement critiqué pour son inaction face à l’augmentation du coup de la vie mais il est aussi accusé par la population de profiter de la crise économique mondiale à travers sa société de distribution d’hydrocarbures, Afriquia, la première au Maroc ! (Voir l’article de Middle East Eye)

Les internautes ne se sont d’ailleurs pas privés de le caricaturer :

Le premier ministre Aziz Akhannouch, pastiché en vampire et accusé de « sucer le sang des Marocains ». © Twitter

Maroc/Belgique : un drame familial suscite l’émoi. Trois enfants liégeois et quatre membres de leur famille sont décédés dans deux accidents successifs lors de leurs vacances au Maroc. La famille Boujamaoui faisait une excursion dans l’Oasis de Fint lorsque l’un des jeunes cousins s’est noyé. La famille éplorée a ensuite quitté les lieux en voiture. Pour une raison indéterminée, peut-être liée à l’émotion ou un malaise, le véhicule a fait une embardée. Les trois enfants, leur tante et deux cousins ont alors péri à leur tour. Au total, sept membres de la famille sont décédés en un jour. (Voir l’article de 7sur7.be)

Soudan : Des dizaines de personnes sont mortes ces derniers jours dans l’État du Nil bleu. Un analyste soudanais, préférant rester anonyme, affirme à Middle East Eye que les politiques et leaders tribaux sont à l’origine des récentes attaques. Depuis de nombreuses décennies, le Soudan connaît des guerres civiles consécutives entre le gouvernement de Khartoum (soutenu par les tribus arabes) et les mouvements rebelles (soutenus par les tribus africaines). (Voir l’article sur MiddleEastEye.net)

Le Bassin Méditerranéen, une terre d’avenir ?

Pour clore cette dépêche, nous avons décidé de vous relayer une initiative positive, celle de Plumm TV.

Ce nouveau média sera une plateforme de divertissement proposant du contenu culturel, sportif, citoyen, … avec pour objectif principal de rendre compte d’une tendance méditerranéenne forte mais aussi de mettre en avant cette influence de plus en plus présente (Voir l’article de Samia Lokmane) !

L’ex-journaliste Rachid Arhab et ses partenaires dans l’aventure Plumm vous expliquent pourquoi :

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