Le Monde Arabe tourne foot
À part si vous avez vécu dans une grotte ces dernières semaines, vous n’êtes pas sans savoir que le Qatar accueillera la coupe du monde de football du 20 novembre au 18 décembre prochain.
Si le choix du pays organisateur – tout comme les conditions de construction des infrastructures nécessaires -ont fait couler beaucoup d’encre, les polémiques ne semblent en rien se calmer avec l’approche de la date fatidique.
Mais, outre le Qatar lui-même, les différents pays du Monde Arabe font également parler d’eux en matière de football… Comme en Europe, le sport semble – là aussi – une histoire de pouvoir et d’influence.
Du côté de l’Irak, c’est un diplomate qui suscite de vives réactions. Une photo de celui-ci a été publiée et le montrerait en train de regarder un match de football lors d’une réunion de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Oups, un peu gênant !
Le ministère irakien des Affaires étrangères n’a pas tardé à réagir à cette photo en annonçant que « des mesures appropriées » seraient prises…
Au Maghreb, les tensions entre le Maroc et l’Algérie se manifestent également à la lumière du ballon rond. Leur nouveau sujet de discorde : le maillot de la sélection algérienne… Créé par la marque d’articles de sport Adidas, la vareuse reprend un motif de mosaïque que le Ministère marocain de la Culture considère comme librement inspiré du « zellige marocain ». Les autorités marocainnes n’ont dès lors pas tardé à réagir, allant jusqu’à sommer la marque allemande de retirer ce vêtement de la vente.
« [Il s’agit d’]une appropriation culturelle et une tentative de voler un motif du patrimoine culturel marocain pour l’utiliser en dehors de son contexte ». Et d’ajouter : « Le ministère de la Culture marocain se réserve le droit d’utiliser toutes les voies de recours judiciaires possibles devant les tribunaux allemands et internationaux. »
En Syrie, c’est une décision de la FIFA qui passe mal. Le 11 septembre dernier, la fédération de football a déclaré dans un communiqué qu’elle prévoyait d’envoyer une délégation à Damas, pour étudier la possibilité d’organiser des matchs amicaux internationaux dans le pays.
Décision étrange lorsque l’on sait que le pays est en guerre depuis une décennie, que dizaines de footballeurs ont interrompu leur carrière pour protester contre la violente répression des manifestants par les forces d’Assad ou encore que la majorité des stades sont endommagés, pour ne pas dire détruits…
En vrac dans le Monde Arabe et Moyen Orient …
Emirats Arabes Unis : Le cheikh Mansour ben Zayed al-Nahyane, vice-Premier ministre et milliardaire émirati, pourrait faire l’objet d’une enquête pour avoir aidé de riches oligarques russes à échapper aux sanctions imposées à leur pays d’origine (Voir l’article de Middle East Eye).
Également propriétaire du club de football de Manchester City, le cheikh Mansour aurait ouvert les portes des Émirats Arabes Unis à l’ancien propriétaire de Chelsea, Roman Abramovitch, ainsi qu’à une trentaine d’autres milliardaires russes.
Soudan: Cette semaine, les États-Unis ont réitéré leurs inquiétudes concernant un accord qui permettrait à la Russie de construire une base navale sur la côte soudanaise de la mer Rouge. Ceci leur donnerait accès à cette voie navigable stratégique.
Ledit accord a été signé sous l’administration du président Omar el-Béchir (démis de ses fonctions en 2019) et accorde à Moscou la possibilité de construire une base en mesure d’accueillir des navires à propulsion nucléaire (Voir l’article de Middle East Eye).
Pourquoi rendre cette affaire publique maintenant ? Certes la guerre en Ukraine et l’opposition Est-Ouest n’y sont pas étrangères, mais il y plus que ça ! En effet, des informations révèlent que le Kremlin se mobilise actuellement pour extraire l’or du Soudan. De plus, le groupe Wagner semble de plus en plus présent dans la région :
Libye: L’Autorité des personnes disparues a annoncé la macabre découverte de 42 corps enterrés dans une fosse commune dans la ville côtière centrale de Syrte, un ancien bastion du groupe État islamique (Voir l’article de LeMonde-Arabe.fr).
Le porte-parole de l’Autorité des personnes disparues, Abdulaziz El Mabrouk, a déclaré que les 42 corps avaient depuis été transférés dans un hôpital voisin et que des échantillons de leur sang, de leurs dents et de leurs os avaient été prélevés pour identifier les victimes. Aucune information n’a pour l’instant été fournie sur la cause de leur décès. Onze autres cadavres avaient déjà été retrouvés près du même site en mai dernier.
Yémen: Tensions autour d’un pétrolier ! Les Houthis ont menacé de cibler les pétroliers accostant dans les zones contrôlées par le gouvernement yéménite, afin de priver ce dernier de ressources financières, et ce aussi longtemps qu’il ne payerait pas tous les employés publics dans les zones contrôlées par les Houthis.
Le gouvernement a immédiatement condamné ces menaces et a appelé à une action internationale afin d’empêcher le groupe d’endommager les infrastructures civiles et les sources d’énergie (Voir l’article de Saeed Al-Batati).
Algérie – Maroc : Middle East Eye débute un de ses articles de la semaine par une question : « Le roi du Maroc participera-t-il au sommet de la Ligue arabe à Alger les 1er et 2 novembre ? »
Si vous nous lisez régulièrement, vous aurez compris que cette (pas si) simple question est le reflet des tensions croissantes entre les deux pays. Rachid Bouanani retrace, à travers son article, les espoirs déçus de réconciliation de ces frères ennemis depuis l’accession au trône de Mohamed VI en 1999.
Tunisie: Nouveau tollé au sein de la société civile tunisienne ! Le récent décret-loi encadrant les délits électroniques contiendrait un article douteux et dangereux selon eux (Voir l’article de Hatem Nafti): en effet, le texte condamne en des termes vagues la production et la diffusion de « fausses nouvelles ».
Le texte va même plus loin puisqu’il vise également « toute personne qui procède à l’utilisation de systèmes d’information en vue de publier ou de diffuser [ces nouvelles] visant à diffamer les autres, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement, d’inciter à des agressions contre eux ou d’inciter au discours de haine ».
Iran: Les manifestations provoquées par la mort de Mahsa Amini ne faiblissent pas et, ce malgré les violentes répressions ! La BBC, relayé par Middle East Eye, relaye d’ailleurs l’étrange disparition d’une autre jeune femme ayant rejoint la protestation populaire.
Elle s’appelle Nika Shakrami, avait 16 ans et a disparu pendant dix jours après avoir participé à des manifestations à Téhéran le 20 septembre. Sa famille a finalement retrouvé son corps à la morgue, dans un centre de détention de la capitale iranienne, quelques jours après avoir dit à un ami qu’elle était poursuivie par les forces de sécurité…
« Quand nous sommes allés l’identifier, ils [les responsables du centre] ne nous ont pas permis de voir son corps, seulement son visage pendant quelques secondes », a déclaré sa tante Atash Shakrami à BBC Persian.
Plus étrange encore, après que son corps ait été ramené dans la ville natale de son père dans l’ouest de l’Iran, il a été « volé » par les forces iraniennes et enterré ailleurs. Sa tante a depuis été arrêtée et les autorités ont menacé de la tuer si la famille participait à des manifestations. Les autorités judiciaires iraniennes ont ouvert une enquête sur la cause de son décès, a indiqué l’agence de presse officielle Irna.