La COP27 au pays des pharaons
Du 6 au 18 novembre, la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh accueille la 27e Conférence des parties, communément appelée COP.
Pour rappel, ces conférences ont pour objectif de réunir les différents pays du monde afin trouver des solutions permettant à l’humanité de freiner et, à défaut, s’adapter aux changements climatiques.
Ce forum planétaire est organisé pour la quatrième fois dans un pays arabe depuis 1995. Après le Maroc (2001 et 2016) et le Qatar (2012), c’est donc au tour d’un nouveau représentant du Monde Arabe d’organiser une COP : l’Égypte. L’occasion pour cette région du monde de dresser un état des lieux alarmant de sa situation et du chemin qu’il reste à parcourir.
L’occasion également – comme nous l’avons entendu – de se rendre compte d’une production inégale de gaz à effet de serre au sein même de la région du MENA :
Il en va de même pour l’accès à l’eau et l’augmentation significative des températures moyennes. On le constate, de nombreux défis sont encore à relever dans cette région qui connaît de fortes disparités économiques, où les oppositions armées sont nombreuses et où la dépendance aux énergies fossiles semble difficile à surmonter.
Cette urgence écologique n’éclipse cependant pas l’urgence sociale et les dérives autoritaires du pays organisateur. Le président Abdel Fatah Al-Sissi a transformé Charm el-Cheikh en forteresse militaire hyper sécurisée : Middle East Eye rapporte que les civils y sont harcelés, les magasins doivent baisser le rideau et les habitants sans papiers d’identité adéquats doivent attendre la fin de la conférence pour revenir en ville. D’aucuns diront qu’il est étrange que ces mesures coïncident avec la publication sur internet d’appels à manifester contre le gouvernement le 11 novembre.
Les journalistes et ONG qui feront le déplacement en Égypte seront également surveillés, notamment via une application d’accréditation pour smartphone qui impose le traçage.
En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…
Iran: La tension est toujours très vive en Iran où les manifestations, comme la répression, vont bon train !
Les manifestations se sont multipliées dans la vaste province du Sistan-Baloutchistan, frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan. Des soldats ont tiré à balles réelles sur des manifestants partis d’une mosquée importante vers le bâtiment du gouverneur (Voir l’article de Saadullah Akhter).
Amnesty International a indiqué que dix personnes, dont des enfants, auraient été tuées et s’est déclarée «gravement préoccupée par la possibilité d’une nouvelle effusion de sang dans un contexte de coupures d’Internet et d’informations selon lesquelles les autorités auraient fait venir de Zahedan des forces de sécurité supplémentaires à Khash».
Ailleurs en Iran, ce sont des grèves citoyennes qui sont organisées en protestation des violences commises à l’encontre des manifestants à Zahedan, manifestants rassemblés pour protester contre le viol d’une adolescente de 15 ans imputé à un policier (Voir l’article de l’AFP).
Irak : Dans notre dépêche de la semaine dernière, nous évoquions la nomination du gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani par le Parlement. Après un an de paralysie, l’élection d’un président de la République et, surtout, après cette désignation d’un nouveau premier ministre, on ne peut qu’espérer que le pays connaisse enfin une période de stabilité et de sérénité.
Mais la population semble dubitative, tout comme les partis de l’opposition chiite (Voir l’article de Laurent Perpigna Iban) :
Israël – Palestine: C’est officiel, le Premier ministre par intérim, Yair Lapid, a reconnu sa défaite aux législatives. Selon les résultats finaux, Nétanyahou et ses alliés ultranationalistes et ultra-orthodoxes ont remporté 64 sièges (sur 120) à la Knesset. Alors que Lapid n’a obtenu que 51 sièges ; le reste étant détenu par une petite faction arabe non affiliée (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).
Benyamin Netanyahou va maintenant mener des négociations avec ses partenaires en vue de former une coalition dans les semaines à venir.
Qatar : Guerre d’images pour le Qatar qui continue à être au centre des polémiques à l’approche de la coupe du monde de football.
D’un côté, on a l’ambassadeur du Qatar pour la Coupe du monde qui dérape face caméra et dénonce l’homosexualité. Lors d’une interview accordée à la chaîne publique allemande ZDF, Khalid Salman a déclaré qu’être gay est « haram » (litt.« interdit » en arabe), ajoutant que l’homosexualité était un « dommage mental » (Voir l’article de LeMondeArabe.fr). L’interview est immédiatement arrêtée mais le mal est fait …
De l’autre côté, on retrouve une polémique autour d’une caricature de journal satirique français Le Canard enchaîné. Celle-ci dépeint l’équipe nationale qatarie comme un groupe d’hommes barbus, armés de machettes, de pistolets, de lance-roquettes ou encore d’une ceinture explosive.
L’illustration n’a pas tardé à défrayer la chronique sur les réseaux sociaux où elle est qualifiée de « racistes et islamophobes » (Voir l’article de Mera Aladam).
Sahara Occidental : La semaine passée, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution appelant à une reprise des négociations sur le Sahara occidental. Le Conseil a également exprimé sa « profonde préoccupation » face à la rupture du cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario (pro-indépendance), dont le conflit vieux de plusieurs décennies ne montre aucun signe de fin.
Cette résolution a été adoptée à 13 votes à 0, avec l’abstention de la Russie et du Kenya (LeMondeARabe.fr).