LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 20 janvier 2023

Qatargate ou Eurogate ?

Avec son article « Ceci n’est pas un Qatargate… », la journaliste indépendante Yannick Buys fait bien plus qu’une référence à notre patrimoine artistique belge. Elle nous pousse à réfléchir sur le véritable objet de la polémique qui secoue actuellement le Parlement Européen.

Sans nier les fautes du Qatar, la corruption mise en place en vue de la Coupe du Monde de football ou son non-respect des droits de l’Homme, l’article soulève une question bien plus importante : et si le Qatar n’était que la partie visible de l’Iceberg ? Et si ce pays du Golfe n’était que l’enfant pris la main dans le bocal à bonbons pendant que ses camarades continuent à déguster leurs sucreries ?

Au vu du nombre de révélations auxquelles on a assisté ces derniers jours (et auxquelles on assistera sans doute encore dans les prochaines semaines), nous sommes en droit de nous demander si nous sommes face à une corruption venue du Monde Arabe ou à un système enraciné dans le fonctionnement de nos institutions européennes.

La présidente du Parlement, Roberta Metsola, souhaite désormais renforcer le contrôle des lobbyistes et apporter plus de transparence aux relations entre le Parlement et les entités qui gravitent à sa périphérie (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen Orient…

Irak : Triste bilan dans la ville de Bassora cette semaine ! Une personne est morte et des « dizaines » d’autres ont été blessées dans une bousculade survenue devant le stade de la ville où devait se tenir la finale de la Coupe du Golfe de football.

Des milliers de supporters sans billets se sont pressés dès l’aube devant les grilles du stade, dans l’espoir d’assister au match entre l’Irak et Oman :

Le match a malgré tout eu lieu et a été remporté par l’équipe nationale irakienne. Ils remportent ainsi la Coupe du Golfe arabe pour la première fois depuis 1988 (Voir l’article de John Duerden).

Iran : Depuis le février 2022, Olivier Vandecasteele – notre concitoyen – est détenu en Iran. Sa famille en Belgique et Amnesty Internationale continue le combat pour sa libération. Un rassemblement se tiendra d’ailleurs dimanche sur la place de l’Albertine à Bruxelles à partir de 14h00 (Voir l’article de Belga, édité par Grégoire Ryckmans).

Portrait du travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele, à Tournai (Doornik), jeudi 12 janvier 2023. © RTBF

Israël – Palestine : La semaine dernière, nous évoquions les nouvelles mesures prises par le gouvernement israélien, à l’encontre de la population palestinienne. L’ONU avait d’ailleurs adopté une résolution invitant la Cour internationale de justice à se prononcer sur l’occupation, provoquant la colère de l’État hébreux et des actions punitives. Selon le premier ministre, Benjamin Nétanyahou, cette décision des Nations Unies était « une mesure anti-israélienne extrême » (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Les réactions n’ont pas tardé puisqu’une quarantaine de pays a réclamé la levée de sanctions adoptées par Israël en représailles de la résolution de l’ONU prise fin 2022 (Voir l’article de l’AFP):

« [Nous exprimons une] profonde inquiétude concernant la décision du gouvernement israélien d’imposer des mesures punitives au peuple, au leadership et à la société civile palestiniens après la requête de l’Assemblée générale […] Quelle que soit la position de chaque pays sur la résolution, nous rejetons des mesures punitives en réponse à une demande d’avis de la Cour internationale de justice, et plus généralement en réponse à une résolution de l’Assemblée générale, et nous appelons à leur retrait immédiat ».

La tension croissante dans au sein des colonies a été également fait l’actualité en raison de l’agression de touristes étrangers. Lors d’une randonnée en Cisjordanie, un groupe composé d’Américains, de Français et d’Italiens, a croisé la route de colons israéliens bien décidés à en découdre :

« Nous étions presque au bout, des colons sont arrivés avec des bâtons et du spray au poivre. Ils nous ont empêchés de continuer à marcher et ont commencé à s’en prendre à nous » raconte une ressortissante italienne.

La jeune femme a aujourd’hui le bras cassé et contusionné tandis que certains de ses compagnons souffrent de brûlures dues au gaz au poivre avec lequel les colons les ont aspergés au visage. Les colons les ont également frappés à coup de massues et de bâtons (Voir l’article de Middle East Eye).

Liban : Est-il possible de réformer l’État libanais et de restaurer sa souveraineté ? Après l’interview de Lamia Moubayed la semaine dernière, l’Orient XXI revient cette fois sur les tentatives françaises et américaines menées ces dernières années mais sans grands résultats !

L’absence de stratégie libanaise autonome annihile-t-elle les politiques de  soutien international ou est-ce l’inverse ? (Voir l’article de Nabil El-Khoury)

Maroc : Chantage, voici l’accusation qui plane sur deux journalistes français. Ces derniers sont accusés d’avoir voulu faire chanter la monarchie marocaine en échange de leur silence :

Catherine Graciet et Eric Laurent, les journalistes en question, admettent une faute de déontologie en ayant accepté une coquette somme d’argent. Ils nient cependant toute tentative de chantage et affirment que c’est l’émissaire de la monarchie lui-même qui a monnayé la non-publication dfe leur livre révélations (Voir l’article de l’AFP et de Libération).

Yémen : Au printemps dernier, une trêve s’était installée dans la région ; celle-ci avait été reconduite à plusieurs reprises.

Aujourd’hui, après plus de neuf mois, soit la plus longue pause dans les combats, l’Arabie saoudite et les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, semblent avoir repris les discussions en coulisse. Par ce biais, les deux parties tentent de renforcer le cessez-le-feu informel et d’entrevoir une fin négociée à cette longue guerre civile (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Le conseil lecture de la semaine…

Cette semaine, nous souhaitions mettre en avant une sortie librairie portant sur la langue arabe.

Dans « Plaidoyer pour la langue arabe », Nada Yafi revient sur la relation ambivalente qu’entretiennent les Français avec cette langue.

Entre fascination et rejet, celle qui a été l’interprète officielle des hommes politiques français avant de devenir elle-même diplômate, s’attaque à des thématiques compliquées: les origines de l’arabe en France, ses multiples fonctions, ses liens supposés ou réels avec la religion, ses connotations identitaires, son instrumentalisation idéologique dans les enjeux de pouvoir ou encore son rapport à la question coloniale (Voir l’article de l’Orient XXI).

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