LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 21 avril 2022

En vrac dans le Monde Arabe et le Moyen-Orient…

Afghanistan : Washington a décidé de geler les actifs de la banque centrale afghane aux États-Unis. N’ayant eu qu’un faible impact sur le régime taliban, cette décision a en revanche aggravé la crise humanitaire dans le pays (Voir l’article de Line Golestani).

Bien qu’un fonds ait été créé en Suisse, cela n’a eu que peu d’impact sur la situation. Chah Mohammad Mehrabi, l’un des quatre administrateurs du Fonds pour le peuple afghan, également président du comité d’audit de la Banque centrale afghane (DAB) s’en inquiète :

« Le gel de ces avoirs aboutit à une catastrophe d’une ampleur inimaginable, qui se déroule actuellement sous nos yeux, avec 22,8 millions de personnes se retrouvant dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë. »

Un marché de Kaboul, 23 mars 2023. © Wakil Kohsar & AFP

Arabie Saoudite: Le Royaume saoudien, avec son projet « Horizon 2030 » et ses ambitions de neutralité carbone en 2060, se présente souvent comme un candidat ambitieux à la transition écologique (Voir l’article de Benjamin Barthe). Mais qu’en est-il vraiment ?

Si l’investissement saoudien dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert ou encore le stockage du CO₂ est réel, le pays n’en reste pas moins un grand producteur et exportateur de pétrole : l’Arabie Saoudite est encore le deuxième producteur de pétrole au monde et parmi les vingt plus gros émetteurs de CO2 de la planète… Peut mieux faire, dirons-nous !

Égypte : La terre des pharaons a connu plusieurs vagues migratoires en provenance de Syrie depuis le XIXe siècle ; au cours des trois dernières années, on constate cependant que le pays est devenu une destination privilégiée pour les réfugiés syriens. Selon les Nations unies, leur nombre serait passé de 13 000 en janvier 2012 à 123 000 en septembre 2013 (suite aux conséquences de la guerre) et à plus de 145 000 en décembre 2022 !

Comment l’expliquer ? Les raisons sont multiples : d’une part à cause des difficultés rencontrées pour accéder aux pays voisins et d’autre part, au succès des certains immigrés Syriens installés en Égypte depuis plus longtemps. Alors un « Eldorado » peut-être, comme le titre l’Orient XXI (Voir l’article de Maya Chehade), mais menacé par une crise économique…

Un jeune réfugié syrien fabrique et vend des chawarmas (Alexandrie, 4 janvier 2018). © Khaled Desouki & AFP

Israël – Iran: Visite historique en Israël ! Le fils du dernier chah d’Iran, Reza Pahlavi, se rend pour la première fois en visite dans l’État hébreux.

Reza Pahlavi. © Wikipédia

Selon les informations du gouvernement israélien, le prince héritier en exil doit participer à la cérémonie annuelle de commémoration de l’Holocauste. Son programme compte également la visite d’une usine de dessalement, le Mur occidental, une rencontre avec des représentants de la communauté bahaï locale (communauté religieuse fondée par le Persan Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī au XIXe siècle) et des juifs israéliens d’origine iranienne (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Maroc: Partout dans le monde, on assiste à un mouvement remettant en cause les fonctionnements de l’agriculture conventionnelle et surtout de notre consommation des produits de la terre. Au Maroc, ce questionnement devient impératif !

Les légumes sur les marchés sont presque aussi chers qu’en Europe et ce, avec un salaire minimum cinq fois inférieur ! De plus, l’inflation atteint une hausse de +10,1% en un an, dont 20,1% de hausse pour les produits alimentaires (Voir l’article de l’AFP). La population très mécontente critique l’exécutif et remet en cause le modèle agricole du pays, basé en majorité sur les exportations.

Soudan : La violence a repris dans un pays qui ambitionnait pourtant la transition démocratique pacifique ! Depuis plusieurs semaines, des tensions grandissaient entre deux généraux pourtant alliés lors du coup d’État militaire de 2021 (Voir l’article de LeMondeArabe.fr). Début de semaine, ils ont cédé à l’escalade de la violence et ont entamé des combat armés pour la main mise sur ce pays d’Afrique de l’est : le commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, d’une part et son numéro deux, Mohamed Hamdan Dagolo, dit « Hemetti » (Voir l’article de  Gérard Prunier), patron des Forces de soutien rapide (FSR), d’autre part.

Au moment d’écrire ces lignes, plus d’une centaine de civils soudanais a déjà perdu la vie dans ces combats (Voir l’article de l’AFP). Le reste de la population est démuni, sans aide humanitaire et cloitrés dans les habitations pour tenter d’échapper aux attaques.

Aujourd’hui, les zones de combats semblent s’étirer vers le nord de Khartoum et son aéroport, lieu stratégique pour l’armée régulière car c’est delà que décollent les avions de chasse pour des raids aériens (Voir l’article de l’AFP) !

Tunisie : Autre tension démocratique dans le Monde Arabe, celle de la république tunisienne.

Cela fait plusieurs mois que les observateurs s’inquiètent des dérives autoritaires du régime de Kais Saïed. Le nouvel épisode de cette saga politique concerne la classe politique d’opposition : Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, a été arrêté (Voir l’article de l’AFP).

Rached Ghannouchi © AFP & Fethi Belaïd

La police a également fermé les bureaux du parti partout dans le pays et interdit toute réunion dans ces locaux.

Autre signe du mal-être de la population dans le pays : Nizar Issaoui, le footballeur tunisien, s’est immolé par le feu pour protester contre « l’État policier » (Voir l’article de l’AFP). Ce terrible geste n’est pas sans rappeler celui de Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu le 17 décembre 2010. Pour rappel, la mort de ce dernier avait eu l’effet d’un électrochoc au sein de la population et avait déclenché des manifestations menant révolution tunisienne…

Nizar Issaoui, footballeur professionnel de 35 ans. (Facebook)

Yémen : Nous l’évoquions la semaine dernière, un échange de centaines de prisonniers (détenus en Arabie Saoudite) était prévu entre le gouvernement yéménite et les forces Houthies.

Cet échange historique a bel et bien eu lieu : après un important un transfert de 869 détenus au cours de ce week-end, cent quatre prisonniers de guerre supplémentaires ont regagné le Yémen dès lundi (Voir l’article de Le Monde & AFP):

Ce geste laisse espérer l’émergence d’une trêve solide et durable dans le pays.

Seul « ombre au tableau », ce drame qui vient entacher la joie perceptible dans le pays :

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