Le monde arabe en pleine élection …
Ah les élections, cet outil démocratique ! Elles aboutissent à la désignation, par le vote d’électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom … Enfin, ça c’est la théorie.
Cette semaine, nous nous attardons sur les dernières périodes électorales ayant eu lieu dans le monde arabe.
En Iran, tout d’abord :
Aujourd’hui, ce 18 juin, l’Iran connait des élections présidentielles. Entre théocratie et « gouvernement du docte », la politique iranienne est régie par un système complexe (Voir l’article de Nicolas Lepoutre). Certains rouages du pouvoir ont une légitimité religieuse alors que pour d’autres, elle est électorale. Ainsi, si les Iraniens bénéficient du suffrage universel, leur pays n’en est pas pour autant une démocratie, au sens où nous l’entendons en Belgique. Si on analyse avec attention la procédure électorale, on constate que le Conseil des gardiens de la Constitution sélectionne les « bons » candidats au préalable…
Il est donc habituel que le Conseil qualifie seulement 7 candidats sur les 596 postulants (dont 40 femmes) ; mais, cette année, le scandale est venu de l’élimination de toutes les personnalités qui auraient pu perturber ou concurrencer l’élection de l’ayatollah Ebrahim Raïssi, le candidat « officiel » soutenu par les factions cléricales et conservatrices (Voir l’article de Bernard Hourcade) …
Certains ont déjà appelé au boycotte de l’élection : Faezeh Hashemi est l’une d’entre elles. La journaliste et militante des droits des femmes s’était portée candidate, bien que les femmes ne puissent pas postuler … Elle se confie aujourd’hui sur ses motivations à désavouer le jeu politique auquel assiste l’Iran actuellement (Voir l’interview de Adem Yilmaz).
Ensuite, en Algérie :
Là aussi, la question de participer ou non aux prochaines élections s’est posée. La population était divisée entre le fait de voter pour essayer de faire changer les choses ou de s’abstenir pour protester contre leurs conditions de vie ou les atteintes aux libertés (Voir l’article de Zohra Souamès)
Retour sur ces élections législative: les Algériens devaient ce samedi (12 juin 2021) élire les 407 nouveaux députés de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du Parlement) pour un mandat de cinq ans (Voir l’article de Malek Bachir).
Verdict ? Le parti au pouvoir, le Front de libération nationale (FLN), a remporté les législatives anticipées, mais avec une abstention historique, ce qui confirme – comme le titrait le journal Le Point International (Voir l’article de l’AFP) – encore un peu plus à quel point le pays dans l’impasse politique sur fond de répression généralisée… Bref, pas de quoi calmer le soulèvement populaire antisystème du Hirak (Voir l’article de l’AFP) !
Aussi en Tunisie :
La fin des élections de rime pas toujours avec accalmie ! La Tunisie en est un bon exemple : les Tunisiens espéraient que les élections législatives et présidentielles de la fin de l’année 2019 auraient pour conséquence de sortir leur pays de l’impasse politique. Dix-mois plus tard, force est de constater que ce n’est pas le cas et que – au contraire – elles ont fait naître un système politique bloqué… (Voir l’article de Moncef Mahroug).
Certains dénoncent même aujourd’hui un État policier qui ne dit pas son nom : depuis janvier, l’État tunisien a déployé une stratégie brutale face aux manifestations spontanées dans le but de faire taire les revendications. Une réponse témoignant à la fois d’un renforcement du secteur de la sécurité et des menaces qui pèsent sur la jeune démocratie … (Voir l’article de Fatima-Ezzahra Bendami & Matthias Raynal)
Enfin dans sur le territoire disputé par Israël et la Palestine :
Les élections sont là bel et bien terminées mais la scène politique israélienne tentait – avec beaucoup de difficultés – de s’accorder pour former un gouvernement. Comme nous vous l’avions annoncé dans une précédente dépêche, une alliance improbable entre l’extrême droite de Naftali Bennett et le centriste Yaïr Lapid a été constituée début juin.
Dimanche dernier, la Knesset (le parlement) a voté la confiance à la nouvelle coalition (Voir l’article de l’AFP), écartant ainsi du pouvoir Benyamin Netanyahou après douze ans à la tête du pays. Naftali Bennett a par la même occasion été nommé Premier ministre (Voir l’article de l’AFP).
Quant aux élections palestiniennes, elles ne semblent pas avoir été remises à l’ordre du jour puisque ces dernières sont sans cesse repoussées par le Hamas et le Fatah.
Aucun des deux acteurs politiques palestiniens ne souhaite organiser une telle consultation de peur de perdre ses prérogatives territoriales : le Hamas craint de perdre Gaza au profit du Fatah, et le Fatah craint de perdre la Cisjordanie au profit du Hamas (Voir l’article de Hicham Alaoui).