LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 25 août 2023

Comment le BRICS séduit le Monde Arabe…

Il a fait les gros titres cette semaine : les dirigeants du BRICS se sont réunis en Afrique du Sud pour leur XVème sommet.

De gauche à droite : Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, le président chinois, Xi Jinping, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov,  lors du sommet des Brics à Johannesburg. © Reuters

Pour rappel, ce groupe est constitué de pays émergents désireux de s’associer économiquement et, plus récemment, politiquement en vue de s’inscrire dans une dynamique de contre-pouvoir face à l’Occident ou au G7.

Cette idée séduit dans le Monde Arabe. Plusieurs pays orientaux se sont d’ailleurs montrés désireux d’intégrer ce groupe « non aligné » et de créer un BRICS+.  Parmi les pays candidats, on peut noter l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Koweit, la Tunisie mais aussi la Turquie ou l’Iran (Voir l’article d’Ishak Benhizia).

Plusieurs candidatures des pays arabes semblent très sérieuses et solidement appuyées par les États déjà membres. C’est le cas par exemple de l’Algérie : candidate depuis 2022, elle est aujourd’hui soutenue par la Russie et la Chine.

Le Maroc avait, lui-aussi, été annoncé comme intéressé à rejoindre l’organisation. Rabat a cependant très vite démenti avoir déposé une candidature pour rejoindre l’organisation (Voir l’article de Middle East Eye) :

 « La diplomatie sud-africaine s’est une fois de plus arrogée le droit de se prononcer sur le Maroc et ses relations avec les BRICS, sans consultation préalable. […] La question n’est pas liée à une initiative des BRICS ou de l’Union africaine, mais plutôt à une initiative de l’Afrique du Sud en sa qualité propre. Il est devenu clair que l’Afrique du Sud va dénaturer cet événement [le sommet] afin de poursuivre un dessein inavoué. »

Cette altercation, par communiqués interposés, illustre les tensions existantes entre l’Afrique du Sud et le Maroc, avec pour principale pierre d’achoppement le dossier du Sahara Occidental. Cela empêchera-t-il le Royaume de rejoindre un jour ce nouvel axe politique ? Seul l’avenir nous le dira.

En revanche, il semble déjà acté que ce XVème sommet concrétisera la volonté du BRICS d’ouvrir ses rangs à d’autres puissances émergentes dans les prochaines années (Voir l’article de Lama Alhamawi) :

En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…

Arabie Saoudite – Iran : Faisant suite à la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a effectué une visite officielle en Arabie saoudite (Voir l’article de LeMondeArabe.fr). Ceci marque le premier voyage du plus haut diplomate de Téhéran dans le royaume depuis plus de sept ans !

Arabie Saoudite : Cette semaine, le Royaume qui tente si durement de se racheter une image, a défrayé la chronique. Et ce y compris dans nos médias occidentaux :

Évidemment, l’Arabie Saoudite nie en bloc les accusations de l’ONG Human Rights Watch (HRW), qu’elle qualifie de « sans fondement » comme le relaye le média Arab News (média saoudien, il est utile de le préciser) :

« Les allégations contenues dans le rapport de Human Rights Watch selon lesquelles des gardes-frontières saoudiens auraient tiré sur des Éthiopiens alors qu’ils traversaient la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen sont infondées et ne proviennent pas de sources fiables », a indiqué une source gouvernementale saoudienne (Voir l’article d’Arab News).

Égypte : L’Orient XXI revient sur la faim grandissante qui sévit dans le pays. L’Égypte, ancien grenier à blé de Rome, se borne à exporter la majeure partie de sa production agricole.

Or, depuis la révolution de 2011, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dénombre plus de 27 millions d’Égyptiens en état modéré ou sévère d’insécurité alimentaire.

Un docteur engagé sur le terrain témoigne : « de plus en plus d’enfants souffrent d’anémie et les nourrissons sont de plus en plus mal nourris, en raison de la dégradation de la situation financière des parents ».

Le Caire, 2012. © Marco Longari & AFP

Aggravée par le réchauffement climatique, la croissance démographique ou encore la pénurie d’eau, la situation est dramatique, au point que certains craignent de voir resurgir des « émeutes de la faim » (Voir l’article d’Adel Kamel).

 Libye : Dans un pays accoutumé aux divisions, l’annonce de la réunification de la Banque Central de Libye ne pouvait qu’être bien accueillie (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

Après avoir été divisée pendant près d’une décennie en raison de la guerre civile qui a donné naissance à deux administrations rivales, une à l’est et l’autre à l’ouest du pays, la banque a indiqué par communiqué qu’elle était devenue une « institution souveraine unifiée ».

Aucun autre détail n’a été fourni…

Syrie : Le 21 août 2013, les forces syriennes ont mené des attaques dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, alors aux mains des opposants au régime. Des images d’hommes, de femmes et surtout d’enfants inanimés, l’écume aux lèvres, avaient ensuite circulé et poussé les rares survivants à dénoncer une attaque au gaz toxique.

Cette semaine, 10 ans plus tard, les Syriens se souviennent de cette opération qui demeure encore impunie (Voir l’article de l’AFP).

Un couple syrien endeuillé est assis devant des corps enveloppés de linceuls, le 21 août 2013. © Shaam News Network, Ammar al-Arbini & AFP

Yémen : Guerre et faim vont malheureusement souvent de pair. C’est le cas également au Yémen : en effet, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé qu’il est confronté à une crise de financement. Si la situation actuelle se poursuit, le PAM sera contraint de prendre la douloureuse décision de réduire ses programmes d’aide alimentaire dans le pays au cours des prochains mois (Voir l’article de LeMondeArabe.fr).

2 thoughts on “LA DÉPÊCHE DU CCAPL – 25 août 2023”

  1. Merci, comme toujours pour cet aperçu synthétique et les intéressants liens. J’ai cette fois lu le détail effrayant du grave problème alimentaire en Egypte. Cette exportation maximale pour les devises me rappelle les années 1960 où l’ Algérie misait presque tout sur l’exportation des hydrocarbures et laissera tomber progressivement son agriculture, le tourisme, l’entretien de ses infrastructures et des conduites d’eau potable, …

    Merci encore

    1. Bonjour,
      Merci pour cette contribution ! Certains lecteurs de la dépêche ont manifesté leur intérêt pour que nous approfondissions la question égyptienne, peut-être lors d’une prochaine conférence. Nous allons étudier la question ! 🙂
      Bonne journée et à bientôt,
      L’équipe du CCAPL

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