En vrac dans le Monde Arabe…
Algérie : Si l’on peut affirmer une chose, c’est que la guerre en Ukraine a rebattu les cartes de l’approvisionnement en gaz en Europe (mais aussi dans le monde).
L’Italie, comme d’autres pays de l’Union, a donc cherché de nouveaux partenaires commerciaux. C’est de l’autre côté de la Méditerranée qu’est venu le salut : les gouvernements Mario Draghi puis Giorgia Meloni ont trouvé à Alger une grande disponibilité pour satisfaire les besoins gaziers de l’Italie.
Bien qu’elles ne soient pas nouvelles, les relations énergétiques avec l’Algérie sont devenues vitales pour l’Italie : l’Algérie est en effet passée de troisième fournisseur de l’Italie en 2021 à première source d’approvisionnement depuis le début de la guerre (Voir l’article de Caterina Roggero).
Arabie Saoudite : Ce n’est plus un secret pour personne, le royaume saoudien tente de redorer son blason et d’acquérir une place d’importance sur la scène politique internationale. Sa dernière opération en date est une rencontre en vue de finaliser un programme de coopération conjoint avec l’Ukraine de Volodymyr Zelensky :
L’accord et le protocole d’accord récemment signés, pèsent près de 400 millions de dollars (1 USD = 0,95 €), sous forme d’aide à ce pays d’Europe de l’Est (Voir l’article d’Arab News).
Mais l’Arabie Saoudite ne s’arrête pas là ! Il exporte également ses productions cinématographiques sur les plus célèbres plateformes de streaming:
Al-Khallat+ (« le mixeur ») est disponible, en arabe et en sous-titrage, depuis fin janvier sur la plateforme Netflix. Cette première production du réalisateur Saoudien Fahd al-Ameri dépeint quatre histoires évoquant la triche, le vol, le mensonge, l’infidélité et l’hypocrisie, en mêlant humour et drame (Voir l’article de Middle East Eye).
Le film est un véritable succès : entré dans le top 10 mondial de la plateforme, il comptait 1 570 000 heures de visionnage dès sa première semaine de diffusion.
Irak: L’Orient XXI revient cette semaine sur l’influence américaine au Moyen-Orient. Vingt ans après la fin de la guerre en Irak, et malgré le retrait des troupes, les États-Unis continuent à contrôler l’argent issu de ses richesses pétrolières et l’utilisent – selon le même média – comme moyen de chantage. Explications des rouages de ce système, mais surtout de la manière dont il est en train de s’enrayer … (Voir l’article de Jean-Pierre Sereni)
Iran : Le pays est en proie à la contestation sociale mais pas que … L’inflation et la dévaluation de la monnaie viennent s’ajouter à une situation déjà difficile !
Israël – Palestine : La tension monte encore d’un cran en Cisjordanie suite à une attaque dans la petite ville d’Huwara. Des centaines de colons israéliens y ont jeté des pierres sur des habitations, incendié des bâtiments, des poubelles et des voitures (Voir l’article de l’AFP) :
Des habitants racontent la terreur ressentie cette nuit-là :
« Mes enfants se sont mis à pleurer et j’ai essayé de les calmer, mais les bruits des attaques étaient plus forts que tout : jurons en hébreu, bris de vitres, incendie de véhicules, de maisons et de magasins… C’était terrible » se livre Fida Hamad, une habitante de Huwara.
Pour rappel, ces violences surviennent en représailles à d’autres actions ayant eu lieu la semaine dernière : tout d’abord, au raid de l’armée israélienne mercredi à Naplouse, et ensuite au meurtre de deux colons israéliens tués par balle (Voir l’article de Fayha Shalash & Sheren Khalel).
Bien que des pourparlers aient actuellement lieu en Jordanie pour tenter de désamorcer la situation (Voir l’article de Raed Omari), certaines figures politiques isréaliennes semblent peu enclines à tempérer leurs propos. C’est le cas, par exemple, du ministre des Finances Bezalel Smotrich qui a ouvertement soutenu les attaques. D’autres, comme David Ben Zion (vice-président du « Conseil de Samarie », conseil régional régissant les colonies du nord de la Cisjordanie) a appelé les politiciens israéliens à ne faire preuve d’aucune pitié et à ce que « le village de Huwara soit effacé [de la carte] aujourd’hui » (Voir l’article d’Elis Gjevori).
Cette situation semble même s’exporter à l’international ! À Londres, ce sont des dessins d’enfants qui en ont fait les frais : l’exposition « Crossing Borders – a Festival of Plates » était un projet collaboratif entre des écoliers de Gaza et de la capitale britannique. Le résultat de leur expression artistique, des assiettes décorées de scènes de vie palestinienne, était depuis plusieurs années exposé dans le Chelsea and Westminster Hospital.
C’était sans compter sur l’association d’avocats UK Lawyers For Israel (UKLFI). Ces derniers ont attaqué l’hôpital affirmant que les patients juifs se sentaient « menacés, offensés, harcelés, vulnérabilisés » par l’exposition. La direction du Chelsea and Westminster Hospital n’ayant pas voulu argumenter, a pris la décision de décrocher purement et simplement les créations des enfants (Voir l’article d’Oumma).
Liban: Retour sur un parcours extraordinaire, celui de Simone Baltaxé (1925-2009). Cette artiste-peintre vient au monde dans une famille d’émigrés ayant fui les pogroms antisémites d’Ukraine au début du XXe siècle. Après avoir échappé aux rafles antijuives en France, elle quitte Paris pour le Liban au début des années 1950.
Mais elle sera surtout une des premières étrangères, juive de surcroit, à se rendre dans les camps de réfugiés palestiniens. Marquée par ces visites, elle publiera plusieurs écrits rendant compte de la condition misérable des populations qui y résident (Voir l’article d’Elsa Martayan).
Maroc : Comme chaque année, l’approche du mois de ramadan rime avec hausse des prix des denrées alimentaires. Le Maroc ne fait pas exception ! Cette hausse s’additionne malheureusement à celle déjà observée depuis le début de la guerre en Ukraine (coût des carburants, du transport de marchandises, …) ou encore à celle causée par la pire sécheresse de ces 40 dernières années dans le royaume (Voir l’article de l’AFP).
En janvier, la hausse des prix à la consommation (IPC) s’est accélérée à hauteur de 8,9% sur un an, tirée par une flambée des prix alimentaires (+16,8%). Évidemment, les ménages à faibles revenues sont les premières victimes de ces variations du coût de la vie.
Soudan : Il y a quelques semaines, nous vous parlions de la situation politiquement instable au Soudan. La région de la mer rouge semble aujourd’hui plus convoitée que jamais : des pêcheurs interrogés par Middle East Eye ont en effet affirmé avoir été attaqués par des combattants russes au large des côtes.
Moscou, Washington, tout comme d’autres puissances voient la main mise sur ces voies maritimes comme une manière de peser sur le commerce mondial. On comprend aisément comment ces conflits d’intérêts aggravent la situation de grande insécurité politique, économique et militaire que connait le pays actuellement (Voir l’article de Mohammed Amin).
Syrie : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », il pourrait s’agir d’un résumé cynique de la situation du clan Assad après le terrible tremblement de terre qu’a subi la région début février.
Le président syrien Bachar al-Assad semble bien décidé à sauter sur l’occasion pour revenir dans le jeu politique international. Preuve du réchauffement de ses relations avec les autres pays – notamment du Monde Arabe (Voir l’article de l’AFP) –, une délégation de hauts parlementaires a été reçue à Damas : les chefs des chambres de représentants irakienne, jordanienne, palestinienne, libyenne, égyptienne et émiratie, ainsi que des représentants d’Oman et du Liban, ont ainsi rencontré le président syrien au sein d’une délégation de l’Union interparlementaire arabe (Voir l’article d’Arab News).
La Ligue arabe a d’ailleurs manifesté son intention de réintégrer la Syrie au sein de l’organisation et ce malgré la guerre qui fait encore rage dans le pays.
Tunisie: La semaine dernière, nous évoquions les nouvelles déclarations du président tunisien. Accusant les immigrés subsahariens de « Grand Remplacement », Kaïs Saïed a réussi à installer une forme de psychose dans le pays : une vague d’expulsions et d’arrestations pousse désormais de nombreux ressortissants subsahariens à s’adresser à leurs ambassades pour espérer être rapatriés.
Pendant ce temps, plusieurs centaines de Tunisiens ont manifesté contre le racisme et un discours « fasciste », exprimant leur soutien à la communauté africaine discriminée mais surtout demandant au président de présenter ses excuses.
Yémen : Selon un nouveau rapport de l’ONU, les Houthis se seraient enrichis en pillant le pétrole et les recettes fiscales, confirmant ainsi les soupçons de longue date des militants et des autorités yéménites. Les familles des dirigeants houthis auraient amassé des fortunes en détournant des milliards de riyals yéménites (1 riyal yéménite = 0,0037 €) du pétrole, des impôts et d’autres prélèvements et profité de la création de marchés noirs du pétrole (Voir l’article de Saeed Al-Batati).
Le pays défraye également la chronique en France, où l’entreprise Total Energies est accusée d’avoir « manqué à ses obligations d’identification et de prévention des violations des droits humains dans une usine gazière gérée par sa filiale au Yémen » (Voir l’article de Dania Akkad). Deux hommes auraient été détenus et torturés par les forces émiraties dans une usine gazière utilisée comme prison. Une plainte a été déposée cette semaine devant la Cour de justice de Paris. Affaire à suivre !