Un an après …
Le mardi 4 août 2020, à 18h08, une violente déflagration fait trembler la capitale libanaise. Lorsque le gigantesque champignon de fumée se dissipe, le port a laissé place à un cratère …
Dans cette première revue de presse du mois d’août, nous voulions revenir sur cette catastrophe considérée par les experts comme l’une des explosions non nucléaires les plus fortes jamais enregistrées (Voir l’article de Hala Kodmani).
Alors où en est Beyrouth un an après ? Où en sont les Libanais ? C’est ce que nous allons tenter de savoir cette semaine.
Entre recueillement et colère …
Aujourd’hui, le cœur des libanais oscille entre recueillement et colère.
Recueillement, pour toutes ces victimes et familles de victimes qui se souviennent de la double explosion qui a changé leurs vies :
« Le 4 août a une particularité symbolique pour nous. Nous voulons que ce soit un jour de prière »
[Ibrahim Hoteit qui a perdu son frère Tharwat (Voir l’article de Lyana Alameddine, Sarah Abdallah & Souhaib Jawhar)]
Colère aussi, parce que l’enquête stagne et ne fait pas la lumière sur les diverses responsabilités ayant mené à la catastrophe. On sait aujourd’hui que les autorités libanaises ont, à plusieurs niveaux, été négligentes : dans un rapport de plus de 700 pages, l’ONG Human Rights Watch (HWR) détaille, en vertu de la loi nationale, la gestion déplorable de la cargaison du navire Rhosus, à savoir du Nitrate d’ammonium entreposé sans précaution dans le port de Beyrouth (Voir l’article de l’OLJ).
Au-delà des questions logistiques, la population libanaise déplore la gestion de cette enquête, freinée par des interventions politiques, telle un nième exemple du disfonctionnement de l’État. En effet, aucun responsable n’a encore été traduit en justice et l’enquête piétine, obstruée par les interventions politiques de tous bords (Voir l’article de l’AFP) !
Amnesty International, s’est elle-aussi joint à la population pour dénoncer l’« obstruction éhontée » de la justice par les autorités libanaises, l’enquête sur le drame se heurtant à de nombreuses entraves et ingérences de la classe politique (Voir l’article de l’OLJ).
Cette semaine, le président, Michel Aoun s’est exprimé au travers d’un discours à l’occasion de la première commémoration et a confirmé sa volonté de se mettre à la disposition de la justice afin de témoigner devant le juge chargé de l’enquête (Voir l’article de l’OLJ). Hezbollah a appelé – lui-aussi – faire la lumière sur ces évènements « sans céder aux pressions » (Voir l’article de l’OLJ).
L’explosion, la partie visible de l’iceberg…
Pour beaucoup, le 4 août n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase :
En effet, l’explosion a également été révélatrice de la détresse économique et sociale du pays ! Certains ont tout perdu, d’autres n’avaient déjà plus grand-chose …
Pénurie d’eau et d’essence, dévalorisation de la livre libanaise, flambée des prix des produits de première nécessité, … Voilà ce qu’il reste aux Libanais, un an après …
Comment clôturer cette dépêche sur un tel désastre ? L’Orient XXI a choisi de republier les textes d’auteurs allant de Guy Debord à Mahmoud Darwich (Voir l’article de Nizar Hariri) :
« L’immeuble offrait à ses habitants le spectacle du toit ridé de la mer, façade de verre désormais tournée vers le massacre à ciel ouvert »
[Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l’oubli]