En vrac dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient…
Arabie Saoudite : On le sait, depuis le 7 octobre, le royaume est dans une position pour le moins délicate… L’Arabie saoudite joue les équilibristes entre sa solidarité avec le peuple palestinien et ses projets de développement économique qui aurait été facilité pour une normalisation avec Israël.
Le prince héritier Mohamed Ben Salman reste donc très prudent dans ses déclarations au sujet de l’actuelle guerre à Gaza. Néanmoins, la position officielle adoptée à Riyad a fait porter la responsabilité du 7 octobre aux privations infligées au peuple palestinien. Le ministre des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhan Al-Saoud, a d’ailleurs rappelé aux Nations unies que malgré les insinuations contraires (l’affirmation selon laquelle l’Arabie saoudite était prête à normaliser ses relations avec Israël à condition que ce dernier accepte de « faciliter la vie des Palestiniens »), le royaume demeure attaché aux principes de l’initiative de paix arabe de 2002 (Voir l’article de Colin Powers).
Malgré la situation, l’Arabie saoudite entend maintenir – voire poursuivre – ses avancées diplomatiques. MBS a ainsi reçu le président Vladimir Poutine, à Riyad, dans le cadre d’une tournée russe au Moyen-Orient :
Égypte : C’est complètement passé sous les radars en raison du conflit qui fait rage à ses portes, mais l’Égypte est en période électorale (Voir l’article d’Eliott Brachet) ! Le vote pour élire un nouveau président aura lieu du 10 au 12 décembre dans le pays ; à l’étranger, les ressortissants égyptiens ont cependant déjà commencé à voter (Voir l’article de TV5 Monde & AFP).
Hormis l’actuel président, Abdel Fattah al-Sissi, trois candidats sont en lice : Farid Zahran, à la tête du Parti égyptien démocratique et social, Abdel-Sanad Yamama, dirigeant du Wafd et Hazem Omar, celui du Parti populaire républicain. Néanmoins, tous les observateurs tablent sur une réélection du président Al-Sissi pour un nouveau mandat jusqu’en 2030 (Voir l’article de Marc DAOU).
Iran : Amnesty International publie cette semaine un rapport alarmant faisant état de l’usage du viol comme outil de répression par le pouvoir iranien.
Israël – Liban : Au nord, sur ce que beaucoup appellent le « front libanais », un soldat de l’armée nationale du Pays du cèdre a malheureusement trouvé la mort. C’est une première depuis le 7 octobre puisque – rappelons le – l’armée libanaise n’est pas officiellement en guerre contre son voisin israélien. Fait tout aussi rare : Israël a présenté ses regrets pour la mort du soldat !
Israël – Palestine : Comme nous vous l’annoncions dans notre dernière dépêche, la trêve entre le Hamas et Israël n’a pas été reconduite. Elle aura à peine laissé à la population le temps de compter ses morts, d’évaluer les dégâts et de tenter de trouver de quoi survivre dans un territoire qui manque de tout :
Depuis lors, les combats ont repris plus intensément encore…
Désormais, l’armée israélienne concentre ses forces sur le sud de l’enclave, dans la ville de Khan Younès. Les tactiques et les outils envisagés par Tsahal sont multiples : utilisation de drones, de l’intelligence artificielle pour localiser le Hamas (Voir l’article de Nader Durgham & Lubna Masarwa) et même l’inondation des tunnels creusés par celui-ci (Voir l’article de Middle East Eye).
Fait rare : à l’international, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a invoqué l’article 99 lui permettant de « porter à l’attention du Conseil de sécurité toute question qui, à son avis, risque de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales » (Voir l’article d’Ephrem Kossaify).
En réponse à cet appel, les Émirats arabes unis et la Russie ont demandé une réunion du Conseil de sécurité « à la lumière de la détérioration de la situation sur le terrain et compte tenu de l’appel lancé aujourd’hui par le secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire urgent ». Les deux membres du Conseil ont soutenu qu’ils souhaitaient que les discussions se concentrent sur « la reprise des hostilités à Gaza et l’incohérence des plans annoncés par Israël avec ses obligations en vertu du droit humanitaire international ».
Beaucoup espèrent également une réaction forte des États-Unis, soutien militaire et financier historique d’Israël. Pour l’instant, seule une condamnation – mais néanmoins inédite – des violences commises par les colons en Cisjordanie a été exprimée (Voir l’article de Piotr Smolar).
Au moment de publier cette dépêche, nous apprenons par ailleurs que des communes sont encouragées à retirer la nationalité belge d’enfants nés de parents palestiniens. Cet « encouragement » venant de l’Office des étrangers est révélé et dénoncé par Julien Wolsey, président de l’Association pour le droit des étrangers, relayé dans L’Echo et Le Soir (Voir l’article de Belga).
Syrie : Silence radio pour ce pays faisant partie intégrante de l’« axe de la résistance contre l’entité sioniste » ! Si, en effet, la Syrie est connue pour sa participation au panarabisme et son soutien historique au Hamas, le pays reste étrangement silencieux au regard des récents évènements à Gaza
D’aucuns évoquent les sanctions internationales et la situation elle-même catastrophique du pays, pour expliquer cette absence de réaction. Mais le média en ligne Orient XXI s’interroge sur ces raisons comme seule explication du manque de réaction de la Syrie (Voir l’article d’Henri Mamarbachi).
L’article évoque la situation critique dans laquelle se trouvent les alliés de la Syrie, à savoir la Russie et l’Iran :
« Cet État donne l’impression d’un homme sonné par un traumatisme dont il ne sait trop comment se relever. Mais qui paradoxalement semble être, aux yeux de ses inamovibles dirigeants, toujours sûr de ses droits envers et contre tout. C’est l’impression qu’il donne à ses interlocuteurs extérieurs et aux observateurs », a indiqué à Orient XXI un expert de la Syrie qui souhaite garder l’anonymat.
Tunisie : On se rappelle des terribles images de migrants mourant dans le désert cet été. Aujourd’hui, les populations subsahariennes présentes en Tunisie vivent dans l’angoisse de voir cet épisode se reproduire.
À l’origine de ces craintes : des affrontements entre la Garde nationale tunisienne et des personnes en situation irrégulière survenus le 24 novembre dans la région d’al-Hamaziah, à une trentaine de kilomètres de Sfax (Voir l’article de Middle East Eye). Affaire à suivre…